Inspiré par les paysages réalistes, luxuriants et modestes de l'école de Barbizon, Twink Time at Barbizon juxtapose des tropes queer féminins/féminins (monocle, veste en cuir, cheveux roses) avec des matérialités et des textures en mutation (rivière, glace, feux d'artifice, vents). Cette juxtaposition donne forme et espace à une évasion de sécurité et d'expression rarement rencontrée dans les espaces extérieurs bondés. Twink Time at Barbizon place trois corps queer dans une forêt new-yorkaise du Queens et, très brièvement, à Brooklyn, afin de se réapproprier un imaginaire queer où des non-conformistes de genre se rencontrent par hasard en plein air, dans un contexte quotidien. Ce fut la grande rébellion de l'école de Barbizon : ils abandonnèrent leurs ateliers pour travailler en extérieur, sensoriellement. Ils choisirent des lieux pittoresques et proches de chez eux plutôt que de voyager à l'étranger pour « peindre en plein air comme il se doit » en Italie, comme l'exigeait l'Académie française.

L'agression étatique et civique réduit le temps passé en extérieur par les Queers, et donc les moyens de se retrouver se limitent à des événements intérieurs de niche, à des moments intimes ou à ces fêtes estivales très médiatisées. En dehors de ces rares voies établies pour la vie queer, où pouvons-nous nous croiser par hasard et nous sentir en sécurité face à des prémisses platoniques ou lascives ? ​​En isolant les comportements qui orientent le regard vers une poétique de la reconnaissance mutuelle et loin des clichés de la drague*, les indices visuels de Twink Time à Barbizon peuvent paraître quelque peu banals. Mais je souhaitais mettre en avant les espaces publics comme des lieux où un imaginaire pour une variété de cognitions et de sens queers peut être activé, plutôt que de les enfermer dans une forme visuelle.

*Ouvertement sexuel, gratification instantanée, transactionnel, ou incarnation lascive des modèles capitalistes enveloppés de plaisir refoulé